Vous partez en vacances au Pays basque et allez explorer la Navarre ? N’hésitez pas à visiter  Zugarramurdi, Elizondo et Etxalar, trois petits villages emblématiques de l’histoire, de la culture  et de l’architecture régionales. Zugarramurdi vous fera replonger au temps de la chasse aux  sorcières, quand Elizondo et Etxalar vous permettront de découvrir ou redécouvrir l’univers de  Carmen, l’œuvre de l’écrivain français Prosper Mérimée.

Entre 1610 et 1614, Zugarramurdi, petit village de Navarre, a été le théâtre d’une terrible  chasse aux sorcières organisée par l’Inquisition en parallèle des procès du Labourd menés par  Pierre de Lancre.  

Pour séparer le vrai de la légende et rendre hommage aux victimes du fanatisme du XVIIè siècle, un musée des sorcières a été créé au sein de l’ancien hôpital. La visite est l’occasion de revenir  sur la mythologie basque, source de nombreuses idées reçues.

Pour votre séjour en Navarre, visiter la grotte de Zugarramurdi vous promet une expérience  hors du commun. C’est là que se déroulaient les prétendues messes noires organisées par  lesdites “sorcières”. Un des lieux de tournage du film Les sorcières de Zugarramurdi réalisé par  Alex de la Iglesia, cette grotte est une formation karstique creusée par le ruisseau Infernuka erreka (la rivière de l’Enfer) aux dimensions monumentales. 

Mais Zugarramurdi, c’est aussi et surtout un village frontalier, et un lieu de contrebande appelé gaueko lana (le travail de nuit). N’hésitez pas à explorer le chemin des grottes, qui joint Urdax aux grottes de Sare, traversant la frontière franco-espagnole.

Lieu de tournage de la Trilogie du Baztán sur Netflix, Elizondo est la capitale administrative du  Baztán, en Navarre. La ville navarraise est aussi le lieu d’origine du personnage José Lizarrabengoa créé par Prosper Mérimée dans sa nouvelle Carmen.  

Elizondo abrite le musée ethnographique du Baztán, une très belle église baroque, et le palais  du Gouverneur Arizkunenea. Vous aurez également plaisir à flâner dans les rues de la ville et à admirer ses belles bâtisses.  

Elizondo et ses alentours vous permettront de faire de belles randonnées. Vous pourrez par  exemple faire la randonnée courte et facile qui relie Etxebertzeko borda au moulin Infernuko  errota (le moulin de l’Enfer). Longtemps dédié au marché noir, ce moulin se trouve à cheval sur Etxalar et Lekaroz.

Un des meilleurs jours pour visiter la ville est sans doute la Feria de primavera (Foire de  printemps) qui marque le début de la saison pour les éleveurs de bovins et ovins. Cette foire  aux bestiaux est l’occasion de découvrir l’agriculture et l’artisanat local dans une ambiance festive.

Etxalar est un village typiquement navarrais aux maisons en pierre qui a reçu le prix national du tourisme grâce à son architecture préservée. L’église du XIIIème siècle est entourée de l’ancien  cimetière parsemé de stèles discoïdales typiques de la région. Le village abrite également une  maison tour appelée Gaztelu (château) construite au Moyen-Âge, et un hermitage datant du  XVIème siècle.

Vous trouverez de nombreux restaurants et bars tout autour de la place pour vous détendre  après avoir exploré les rues de ce village de Navarre. Sa beauté a dû fortement inspirer l’écrivain  Prosper Mérimée puisque le personnage principal de sa nouvelle, Carmen, publiée en 1847, en  serait originaire : 

Nous autres gens du Pays basque, nous avons un accent qui nous fait reconnaître facilement  des Espagnols ; en revanche, il n’y en a pas un qui puisse seulement apprendre à dire baï jaona.  Carmen donc n’eut pas de peine à deviner que je venais des provinces. Vous saurez que les  bohémiens, monsieur, comme n’étant d’aucun pays, voyageant toujours, parlent toutes les  langues, et la plupart sont chez eux en Portugal, en France, dans les provinces, en Catalogne,  partout ; même avec les Maures et les Anglais, ils se font entendre. Carmen savait assez bien le  basque.  

– Laguna, ene bihotsarena, camarade de mon cœur, me dit-elle tout à coup, êtes-vous du pays ? 

Notre langue, monsieur, est si belle, que, lorsque nous l’entendons en pays Étranger, cela nous 

fait tressaillir.. “Je voudrais avoir un confesseur des provinces”, ajouta plus bas le bandit. Il reprit  après un silence :  

– Je suis d’Elizondo, lui répondis-je en basque, fort ému de l’entendre parler ma langue. – Moi, je suis d’Etchalar dit-elle. 

– C’est un pays à quatre heures de chez nous.  

– J’ai été emmenée par des bohémiens à Séville. Je travaillais à la manufacture pour gagner de  quoi retourner en Navarre, près de ma pauvre mère qui n’a que moi pour soutien, et un petit  barratcea avec vingt pommiers à cidre.  

Carmen, Prosper Mérimée, 1847.